DÉJÀ, par son allure, tout est dit. Faussement coiffée à la diable, dans un jeté-battu de cheveux savamment retenus en chignon, elle est vêtue d'une tenue empire revisitée par sa compatriote Vivienne Westwood. Décolleté plongeant sophistiqué, mais godillots aux pieds dignes de Charlot. Il y a chez Helena Bonham Carter une bonne dose d'humour, d'excentricité, de joie de vivre follement piquante.
Cette jolie aristocrate au teint pâle, qui compte parmi ses ancêtres un arrière-grand-père ancien premier ministre du Royaume-Uni, n'a jamais été aussi épanouie. Face à Aaron Eckhart, elle est éclatante de beauté et de justesse dans Conversation(s) avec une femme de Hans Canosa. Deux êtres qui se sont follement aimés se retrouvent des années après à l'occasion d'un mariage. Ils redécouvrent peu à peu la complicité qui les unissait. Parfois, les amours défuntes renaissent de leurs cendres de façon miraculeuse, le temps d'une nuit...

L'écran partagé en deux, permet de faire place aux souvenirs des protagonistes comme de saisir leurs réactions immédiates. Impression d'entrer par effraction dans l'intimité de ce couple qui, après avoir repris la voie du marivaudage, passe au jeu de la vérité. «C'est en quelque sorte le requiem d'une relation, explique Helena Bonham Carter. Ils s'étaient quittés brutalement sans s'expliquer. Grâce à ces retrouvailles, la femme va enfin se libérer de son passé et de cet homme qu'elle avait toujours à l'esprit.»

«Ne ressembler à personne d'autre»

Elle avoue être «une vraie romantique. Sans doute parce que j'ai eu la chance d'avoir des parents qui s'adoraient. C'étaient deux âmes soeurs. J'ai vécu sous leur toit jusqu'à l'âge de trente ans ! Je passais évidemment aux yeux des autres pour un animal étrange». Elle aussi a trouvé l'amour avec un grand A, auprès de son compagnon, le lunaire Tim Burton qui lui a donné un petit Billy-Ray, âgé de deux ans et demi. L'extravagant Mister Burton l'avait grimée en primate dans La Planète des singes. Ce fut le coup de foudre sur le tournage. Peu après, le talentueux homme en noir et à la chevelure hirsute lui offrait le rôle de la sorcière dans Big Fish, puis lui demandait d'être la voix de la défunte mariée dans le film d'animation poétiquement macabre, The Corpse Bride.

Mais Helena n'a pas pour autant été «burtonisée», elle serait plutôt son double au féminin. «Tim dit toujours que nous sommes issus de milieux différents, ce qui est exact. Mais nous étions des gamins très similaires, nous ne voulions ressembler à personne d'autre, seulement être nous-mêmes. Et nous sommes restés deux enfants, heureux dans notre monde.» Elle ne lui demandera jamais de lui écrire un rôle sur mesure, «cela ne marche pas comme ça !» lance-t-elle presque avec une pointe de regret. «Je n'ai aucun traitement de faveur. Nous nous respectons, c'est là l'essentiel.» Et elle n'a aucune velléité de passer derrière la caméra : «un réalisateur dans la famille, cela suffit !».

Alors pendant que papa filme, maman coud, brode et pique. «J'adore créer de mes mains. J'ai imaginé une ligne de vêtements qui est en vente chez Harrods. Je propose des bloomers, des jeans customisés avec une multitude de boutons, de broderies anglaises. Une collection en fait très girlie pour toutes celles qui, comme moi, sont restées des petites filles dans leur tête.»

Membre du jury au Festival de Cannes, elle a fêté ses quarante ans le 26 mai, à quelques jours du palmarès dont elle ne dira mot, ayant seulement laissé échapper avant le début de la compétition : «je n'ai pas l'esprit critique. J'aimerais donner des prix à tout le monde». Alors, quarante ans, le plus bel âge ? «Pas pour une actrice !» s'exclame-t-elle en éclatant de rire. «À Hollywood, on ne tolère pas le vieillissement. Même si je n'ai jamais été un sex-symbol, j'aimerais avoir la sagesse d'être au-dessus de ces considérations, mais c'est impossible. Cela a forcément un impact sur les scénarios que l'on me propose aujourd'hui. On ne m'offre plus que des rôles de mère !»

Elle qui a débuté sa carrière d'actrice avant d'être majeure, à l'ombre de James Ivory et des romans de JM Foster, n'en n'éprouve pas de nostalgie particulière. «Je reconnais avoir eu de la chance d'interpréter des ingénues et des jeunes premières. Mais un beau jour, j'en ai eu assez des rôles corsetés, j'avais envie de choquer, de dire des gros mots.» Elle s'est, depuis, bien rattrapée !

J'adore ce genre d'articles , ça me rappelle pourquoi je l'aime (et encore je suis sur de pouvoir trouver d'autres raisons)

Mais elle est absolument fantastique des qu'elle ouvre la bouche... elle est juste extraordinaire!!